S’embrasser

2020 – 2025
Série photographique sur l’ambigüité du verbe s’embrasser, avec interview. Publié tous les samedis sur :

Pour participer envoyez un mail à sembrasser@richardbois.com

S’embrasser en radio :
sur Radio Balises le 28 avril 2023
sur RCF le 24 avril 2023
sur Europe 2 Lorient le 14 mars 2023

Intention

S’embrasser est un verbe particulier. On ne comprend vraiment son sens qu’avec le contexte de son utilisation. On embrasse avec les bras, mais on embrasse aussi avec la bouche, des yeux, voire avec la langue ! Quand on dit qu’on embrasse un ami, on sait instantanément ce que ce geste sera, quel sens cela aura. Quand on dit qu’on a retrouvé sa chérie et qu’on l’a embrassé pendant plusieurs dizaines de minutes … on voit tout de suite un geste totalement différent et un sentiment tout aussi différent. Ce sont les types de relations qui modifient le geste et sens. Le contexte.

Le contexte de cette série, c’est la Covid-19. Un temps où la bise, l’embrassade, l’étreinte, le câlin, le « hug », « l’abrazo », les moments de tendresse, d’amour étaient bannis de l’espace public ! A fortiori l’embrassade ou le baiser ! Nous ne sommes plus dans ce contexte de pandémie depuis peu, la possibilité de s’embrasser est à nouveau possible dans l’espace public. Et ça n’est pas rien ! L’envie, avec cette série, est d’évoquer ce retour au temps non-masqué, et aussi de se rappeler du temps masqué. Intérioriser la nécessité de ce lien. Comment un baiser, une embrassade est finalement indispensable à nos vies !

Il s’agit d’aller à contre-courant de ce qui a été notre quotidien durant cette période. De fixer les moments de simple et forte émotion qui ont été interdits, pour retrouver la force d’un lien social coupé pendant un temps. Sans masque, sans barrière, c’est le retour au grand jour de l’intimité « publique », permise. Impérative.

Dans la lignée des films que j’ai réalisés sur l’intime du handicap et des traumatismes psychiques, il s’agit d’intime mais à destination du très grand public. Cela signifie que même si la peau est visible, elle ne sera jamais érotique.

Je souhaite que l’on sorte de cette chape de plomb qui nous est tombée dessus et cette photo hebdomadairement publiée, mise en exergue, nous donne de l’énergie à travers le questionnement sur ce qu’est une vraie embrassade … c’est d’ailleurs fou d’avoir à rajouter « vraie » comme si tout était alors devenu faux !

Ce qui m’intéresse est que l’on s’exprime par ces gestes et, par le verbe, sur ce que sont ces gestes. Expression posturale et verbale :

S’embrasser et être photographié dans ce moment-là et dans cette posture pour qu’en sorte plutôt une photo en noir et blanc (pas obligé).

Être interviewé sur ce que sont ces moments, ce qu’ils représentaient en 2020, et ce qu’ils représentent là maintenant, pour qu’en résulte un texte, donnant un autre éclairage approfondissant le sujet.

Avec S’embrasser, je veux aussi renouer avec une certaine photo de presse de qualité, attester du temps. Une photo documentaire qui saisit un moment inscrit dans une temporalité marquée. Un témoignage.

Une publication hebdomadaire dans le journal  Le Télégramme , partenaire de l’opération, combine cette photo et ce texte, pour restituer au public ce qu’il a livré à travers ses participations.

Recherche

Je cherche donc des personnes qui s’embrassent devant mon objectif.

Ce ne sont pas des modèles professionnels… mais de vrai gens ! De la vie de tous les jours ! Cela peut être un couple homme/femme, hommes, ou femmes, mais ça peut être aussi un père et son fils, une grand-mère et sa petite-fille, deux amis, une famille, …

L’idéal serait des torses nus ou en tout cas les épaules nues, sans pour autant voir de seins nus. L’idée c’est de jouer avec la peau, sans que ce soit érotique ! C’est pour du grand public. Et ce point sur la nudité ne doit pas effrayer les participant.es potentiel.les, je m’adapte !

Les prénoms peuvent être échangés avec d’autres prénoms si les gens le désirent. La localisation du lieu ne mentionne que le lieu de la prise de photo, pas l’adresse des photographiés.

Le déroulement d’une séance est très simple, 40-60 minutes max :

Prise de rendez-vous dans un lieu convenu ensemble (modèles et moi),

Sur place, on prend le temps de se présenter, puis j’enregistre au smartphone la petite interview sur le sujet, de manière à pouvoir ensuite être plus exact dans les propos qui auront été dits.

Une cession de droit à l’image est signé par les modèles.

Au même endroit, les modèles prennent ce moment d’intimité, à leur rythme, moment pendant lequel je photographie.

Avant publication j’envoie la transcription de ce qui a été dit et la /les photos choisies. Pour information. Les seules remarques ou demande de modifications par les modèles que je prends en compte sont celles qui concernent des éléments de l’interview dont j’aurai mal compris le sens.