Analyse musicale

Dans le détail du concept j’écris que depuis Olivier Messiaen on sait que toute expression sonore peut être notée musicalement. C’est vrai que c’est de cette idée que je suis parti pour ce qui est de mettre en scène musicalement les intervenantes de « un femmes ». C’est déjà ce que je faisais avec certaines parties d’interviews que je montais à l’époque : je jouais avec la musique que pouvait faire la répétition de fragments de phrases des interviewés. En faire un système de composition ne demandait qu’à enregistrer une cellule très courte (deux mots) pour jouer avec cette/ces cellules et en faire une composition ou des compositions.

Mais pour ça il fallait noter musicalement les 48 femmes … voici ces notations :

La musique ainsi notée, que chacune des participantes crée avec son intervention, est donc exploitée comme une cellule musicale. Ces micro-thèmes assemblés rythmiquement et harmoniquement font base du matériel musical. Le geste de départ vient donc véritablement d’elles et conditionne la teneur de la musique définitive.

Il est intéressant de constater que l’étude de ces notations révèle, par exemple, que la relation entre l’humeur de la participante et son utilisation instinctive d’intervalles majeurs ou mineurs est cohérente par rapport au sens communément attribué à ces intervalles (i.e. : mineur = triste, majeur = joyeux).

Les numéros qui apparaissent parfois sur les partitions, sont le nombres d’images (à 25 i par secondes) entre les notes. C’est de cette manière que j’ai pu vérifier les notations plus précisément.

Certaines ont tenu une note ou joué rythmiquement (Florence Bois, Isabelle Fesquet). Bon j’avoue que j’ai un peu prolongé (boucle) numériquement le « Aum » (homme) de ma sœur, mais le morceau d’Isabelle est exactement ce qu’elle a chanté :

Le « un femmes » d’Isabelle Fesquet

Pour une d’entre elles (Adriana Samaniego) j’ai utilisé la cellule pour en faire un micro morceau. Je voulais le faire jouer au violoncelle. Adriana m’avait bien précisé qu’elle ne voulait pas être photographiée en souriant, mais plutôt avec un visage grave. Et j’ai pensé au violoncelle … puis je me suis ravisé et j’ai fait jouer mon ami Jonas Muel de la clarinette basse pour ce micro morceau :

Voilà la Adriana jouée à la clarinette basse finalement (les deux dernières notes écrites ont été coupées, et on a adapté au moment de l’enregistrement en faisant des changements dans les tessitures …).

Et enfin, voici les musiques nues … c’est à dire sans la partie liée au montage. Ce que j’ai rajouté au montage des cellules en somme :

La première musique intitulée Petit Louis … il y a du blanc au début pour laisser la place à l’intro faite par Louis.
Voilà le son du « discours » de Louis qui précède la musique précédente. Il est ensuite monté et répété.
Le Blues de Stéphanie, un peu de rock que diable !!
Le morceau s’appelle Rachel mais le morceau raccorde plus de femmes que seulement Rachel …
Il a dû morfler … est une phrase que l’on entend en off juste avant le Aum (homme) tenu par Florence, et juste après qu’elle reprenne son souffle.
Ce Chœur fait référence à ces trois femmes (Sylvie, Dominique et Marie) qui ont dit la même séquence rythmique mais avec des notes différentes, ce qui fait que je les ai montées ensembles pour en faire un chœur.
Le charango que ma mère m’a rapporté du Pérou m’a bien servi pour ce morceau rassembleur de Grenoble.
Je voulais un morceau qui tranche avec ce que l’on avait entendu, j’ai donc utilisé un morceau que j’avais composé et enregistré pour un autre film pour le Générique de fin.
Avec Claude Tchamitchian à la contrebasse et Jean-Pierre Jullian à la batterie.